La crònica nissarda de Roger Rocca
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Lou Sourgentin
Lou Sourgentin

Le magazine

Lou Sourgentin est le magazine de référence des amoureux du Pays niçois.

Revue culturelle bilingue français-nissart, il parait  5 fois par an.

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Vous trouverez ci-dessous des compléments aux articles parus dans le magazine que nous n'avons pu mettre en entier, faute de place, mais que nous avons jugé indispensables pour les lecteurs niçois.

Nouveau:

Vous trouverez dans la rubrique "Magazine" des compléments aux articles parus dans Lou Sourgentin "papier"  que nous n'avons pu mettre en entier, faute de place, mais que nous avons jugé indispensables pour les lecteurs niçois.

Après le texte de Miquel de Carabatta sur Grassi et Torrin, vous trouvrez ci-dessous la traduction en français de l'article de Jacques Dalmasso sur "Gatièra savouiarda" paru dans le SourgentinN° 245 d'avril 2021, suivi de l'article en nissart!

 

GATTIERES SAVOYARD

 

Pour de nombreuses personnes, il fut un temps et l’Estéron dépassé, le Var délimitait jusqu’à la mer la frontière entre la France et le Piémont - Sardaigne. C’est vrai, mais pourtant, en un certain point il y avait une enclave du Comté de Nice s’avançant en rive droite dans le pays provençal.

 

Il s’agit de Gattières, ce village perché sur son éminence et dont le territoire forme une pointe vers le Mouton d’Anou. Gattières est limitrophe avec Carros, Le Broc, Bézaudun les Alpes et Saint Jeannet côté terre, mais aussi avec Colomars et Nice côté Var. Son nom viendrait de « gat » ou « ga », pour : « gué ». Ce village surplombant en rive droite la tête du gué de Saint Sauveur, l’un des lieux ou le fleuve pouvait facilement être traversé par une troupe d’importance, il ne pouvait qu’attirer des convoitises.

 

La guerre civile en Provence

 

La vie de ce petit village va être profondément bouleversée au 14ème siècle. En effet, en 1381 commence une guerre civile qui durera sept ans. Elle est due à l’incompétence de l’inconstante Reine Jeanne, comtesse de Provence, la Provence faisant alors partie du Saint Empire Romain Germanique et non pas du royaume de France. Elle a éclaté afin de savoir qui des deux prétendants à sa succession s’en appropriera et en sera donc le Comte. La région se divise en deux partis : les tenants de l’Union d’Aix et de Charles Duras, le roi de Naples, qu’on appelle les carlistes et dont Nice est membre et ceux de Louis 1er d’Anjou, les angevins. Les partisans respectifs vont alors s’affronter dans des batailles aussi longues que confuses.

 

De novembre 1385 à juin 1387, une trêve est observée par les belligérants.

 

Le 21 mars 1386, par acte notarié l’évêque de Vence pro-carliste Boniface du Puy, qui est aussi le seigneur de Gattières, à court de ressources et contraint à se retirer dans cette seigneurie afferme ce fief à la Communauté de Nice, ce qui veut dire que s’il laisse les terres de Gattières à Nice pour leur exploitation, c’est qu’à ce moment-là il en est bien le seigneur en titre. Mais, le résultat de cette « location », dont la conséquence immédiate est que le terroir gattiérois est maintenant géré par Nice, n’est-il pas qu’il lui en est de fait assujetti ?          

 

Deux ans plus tard, courant août 1388, Georges de Marle, Grand Sénéchal de Provence, du parti angevin, marche sur Nice qu’il veut réduire. Sur son chemin il soumet de nombreux châteaux carlistes du pays vençois, dont celui de Gattières. L’évêque Boniface du Puy, qui résidait alors dans ce village d’où il gère sa partie de diocèse, l’abandonne précipitamment pour se soustraire à l’assaut des soldats du comte de Provence. Cependant, juste après que Georges de Marle eut quitté les bords du Var, la place de Gattières est reprise par des hommes d’armes du parti carliste, ceci se situant fin août ou début septembre. Ce sont ceux d’un certain Gaillardet, alias Allégret, de Mauléon, qui va rester maître des lieux, le Grand Sénéchal échouant devant Nice et devant se replier sur Grasse.

 

Les acteurs locaux

 

Boniface du Puy, du Putèo ou dal Pozzo est l’un des deux évêques en titre de Vence. Comme il y avait un pape à Rome et un autre à Avignon, cas unique dans toute la Provence il y avait aussi deux évêques en charge de cet évêché. Boniface du Puy, un carliste, était tenant de Rome, l’autre, Jean II Abrahardi, un angevin, étant lui de l’obédience d’Avignon. Ce ne devait pas être des amis.

 

Georges de Marle, seigneur du Luc et de Roquebrune, est le Grand Sénéchal de Provence. En son absence, il est le représentant du comte de Provence, Louis II d’Anjou.

 

Allégret de Mauléon, c’est ainsi qu’il est le plus connu, un chevalier gascon, est un « capitaine » à la tête de ses troupes. Qui était donc ce « capitaine » venu de si loin ? Le chef de l’une de ces « grandes compagnies » qu’on appelait aussi des « routiers », en réalité une bande de brigands œuvrant pour leur propre compte comme il y en avait tant en ces époques troublées ? Le chef d’une troupe de mercenaires, des routiers eux aussi, s’offrant à celui qui les payait le mieux et là où le hasard de la guerre les poussait ? Assurément pas le chef d’une troupe régulière de soldats en campagne étant donné que le duc de Gascogne n’était pas en guerre avec la Provence. Alors, qui était exactement cet homme que l’Histoire présente comme étant un gentilhomme mais qualifie tout aussi bien d’aventurier noceur et ripailleur, sans nous en dire guère plus d’avantage ? Son nom ne nous renseigne pas mieux. Est-ce « lou mauleoun », « le méchant lion » ou « fougueux lion » en occitan ? A moins que ce ne soit une référence quant à son lieu de naissance. Il y a quatre Mauléon en France. Le plus important se trouve dans les Deux Sèvres dans le Poitou, bien loin de l’aire occitane. Mauléon-Licharre ou encore Mauléon-Soule est dans le Pays Basque et non en Gascogne. Restent Mauléon-Barousse dans les Hautes Pyrénées et Mauléon d’Armagnac dans le Gers, deux villages eux gascons où il aurait pu voir le jour, mais cela sans aucune certitude. Le mystère demeure. Avec tout ce que nous savons, c’est-à-dire pas grand-chose, une réponse possible nous vient à l’esprit : peut-être bien un homme de l’ombre faisant sa propre guerre. Quoi qu’il en soit, il s’est emparé de Gattières et de son château, ce qui selon les mœurs de l’époque et le droit de conquête veut dire qu’il en devient le maître incontesté, en un mot : le propriétaire.

 

Gattières savoyard

 

Peu de temps après, le 25 octobre 1388, avec son « frère de guerre » Vito de Blois, il vend Gattières et tous ses biens au comte de Savoie Amédée VII, dit le Comte Rouge, au prix de 2000 florins. Gattières devient ainsi terre de Savoie, ce qui est une belle opération pour Amédée VII, lui qui en peu de temps et après s’être rendu maître de Barcelonnette vient de s’approprier de Nice sans coup férir selon l’acte de dédition signé le 28 septembre 1388. Après s’être « offert » Gattières, dans le vrai sens du terme, vingt-sept jours à peine après que Nice ne soit devenue Savoyarde sous le nom de Terres neuves de Provence, il tient maintenant une solide tête de pont de l’autre côté du Var dans les terres provençales, ce qui veut dire une base de départ pour de futures conquêtes.

 

Cette « heureuse » acquisition, n’est-elle qu’une opportunité relevant du plus grand des hasards ou bien est-ce le résultat d’une fine manœuvre politique ? Sachant que Jean Grimaldi, baron de Beuil, Sénéchal de Provence inféodé aux Duras, gouverneur de Nice et négociateur de la dédition auprès d’Amédée VII de Savoie, se sentait suffisamment puissant pour aller jusqu’à promettre toute la Provence au comte de Savoie, ce qu’il n’a pu faire, on peut penser qu’il avait les contacts nécessaires pour organiser une telle opération de mainmise sur un fief voisin. On peut donc penser que l’assaut d’Allégret de Mauléon sur Gattières, son appropriation pure et simple puis sa vente guère de jours plus tard, sont peut-être en réalité dus à des manœuvres souterraines auxquelles le rusé Amédée VII ne serait pas étranger.

 

Toujours est-il, les Gattiérois sont maintenant sujets tant de Savoie que de Nice, ce qu’ils seront jusque en 1760. Cette année-là, le 23 mars, le Traité de Turin signé entre la France et le Piémont - Sardaigne va porter rectification d’une partie de la frontière. Après 372 ans d’appartenance au Comté de Nice, Gattières retrouve son statut de village provençal.

 

Pourtant, il y a toujours à Gattières quelque chose pour nous rappeler cet épisode. C’est son blason, qui se présente sous la forme d’un lion couleur d’or sur fond rouge, debout et tenant dans sa patte avant droite une tour ornée d’une croix rouge. C’est tout simplement la symbolique d’Allégret de Mauléon portant fièrement le château qu’il vient de conquérir. Quant à la croix rouge, elle fait référence au Comte Rouge, Amédée VII de Savoie.

 

Sources :

 

Histoire de Vence et du Pays vençois.   Georges Castellan.

La Dédition de Nice à la Savoie. Colloque international de Nice 1988.   Rosine Cleyet-Michaud.

L’Evolution de la frontière entre la Provence et le Comté de Nice.   D. Andréis.

Histoire et chronique de Provence.   Caesar de Nostradamus.

La sécession niçoise de 1388 - Provence Historique.   André Compan.

Armanac Nissart 1929.

Documents de la Bibliothèque Victor de Cessole.

 

GATIERA SAVOUIARDA

 

Soun tantu aquelu que si penson qu’en lou temp e l’Esteroun passat, lou Var marcava la frountièra tra la França e lou Pimount - Sardegna fin à la mar. Es ver, mà pertant, en per aquì li èra un’enclava de la Countèa de Nissa s’avantant en riba drecha en lou pais prouvençau.

 

Si trata de Gatièra, aquèu vilage ajoucat soubre dóu siéu puèi e que lou siéu territori s’en va en pouncha fin au Moutoun d’Anou. Gatièra fa counfin mé Carros, Lou Broc, Bezaudun e San Janet dau coustà dei terra, mà finda mé Couloumas e Nissa dau coustà dóu Var. Lou siéu noum vendrìa de « gat », per : « ga ». Aquèu pais superant en riba drecha la testa dóu ga de San Sauvur, l’un dei luèc recounouissut en doun lou flume poudìa estre travessat da una troupa d’empourtança, noun poudìa estre que desirat.

La guerra civila en Prouvença

 

La vida d’aquèu pichin vilage va estre desturbada en plen en lou 14ème sècoulou. Es qu’en lou 1381 s’entamena una guerra civila que durerà set an. Si dèu à l’encoumpetença de la voulubla Regina Jana, countessa de Prouvença, la Prouvença faguent en aquèu temp partida dóu Sant Emperi Rouman Germànicou e noun pas dóu règnou de França. S’acapitèt per saupre qu tra lu doui pretendent à la siéu suchessioun s’en empatrounisserà e n’en serà dounca lou Comte. Lou pais si part en doui : lou partit tenent per l’Unioun d’Ais e Carlou Duras, qu’es lou rei de Napouli, lu « carlist » e que Nissa n’en fa part, e aquèu tenent per Luis 1é d’Anjoua, lu « anjouan ». Lu siéu partisan van aloura si counfrountà en de batàia autant longui que counfusi.

 

Dóu mes de nouvembre dóu 1385 fin au mes de jun dóu 1387, una treva si fa tra lu beligerant.

 

Lou 21 de mars dóu 1386, per at noutariat l’evesque de Vença pro-carlist Bounifaci dóu Puteo qu’es finda lou signour de Gatièra, en mancança de sòu e en l’oubligacioun de si retirà en aquela signourìa, laissa en chèns aquèu fèudou à la Coumunità de Nissa, cen que reven à dire que se douna li terra de Gatièra en gestioun à Nissa, es qu’en aquèu moumen d’aquì n’es ben lou signour entestat. Mà, la resulta d’aquèu passa-man, que li counseguença immediati soun que lou territori gateirenc es aministrat despì Nissa, noun serìa pas que de fach li es assougetit ?

 

Doui an pu tardi, en lou mes d’aoust dóu 1388, Giorgi de Marle, lou Gran Senechau de Prouvença, dóu partit anjouan, marcha sus Nissa que vòu redure. En camin, soutoumete tantu castèu carlist dóu pais de Vença, couma aquèu de Gatiera. L’evesque Bounifaci dóu Puteo, que restava aloura en aquèu vilage d’en doun aministrava la siéu part dóu diòchesi, lou laissa lèu per s’escapà de l’assaut dei sourdà dóu comte de Prouvença. Pertant, à pena que Giorgi de Marle auguèsse laissat li riba dóu Var, la plaça de Gatiera es repilhada da d’ome d’arma dóu partit carlist, acò si debanant fin d’aoust o en lu proumié jou de setembre. Soun aquelu d’un chertou Gaiardet, alias Alegret, de Mauleoun que s’en rende mestre e va la gardà, lou Gran Senechau de Prouvença caiant davant Nissa e deuguent si retirà devès Grassa.

 

Lu atour loucal

 

Bounifaci dóu Puteo, dóu Puy o tamben dal Pozzo, qu’es Nissart, es l’un dai doui evesque de Vença. Couma li èra en aquelu temp un papa à Rouma e un autre en Avignoun, cas unique en touta la Prouvença li èra finda doui evesque en carga d’aquel evescat. Bounifaci dóu Puteo, un carlist, tenìa per Rouma e l’autre, Jan II Abrahardi, un anjouan, tenìa èu per Avignoun. Devìon pas estre d’amic.

 

Giorgi de Marle, signour dóu Luc e de Rocabruna, es Gran Senechau de Prouvença. Es lou representant dóu comte de Prouvença, Luis II d’Anjoua, en la siéu assença.

 

Alegret de Mauleoun, qu’es ensinda qu’es lou mai counouissut, un chivalié gascoun, es un « capitani » à la testa de la siéu troupa. Mà qu poudìa ben estre aquèu « capitani » venent de tant luèn ? Lou cap de l’uni d’aqueli « grana coumpagnìa » si dihent encà de « routinaire », de fach una banda de brigant travaiant au siéu conte couma n’en li èra tant en aquèlu temp d’ensegurità ? Lou cap d’una troupa de mercenari que si dihìon finda de « routinaire » e si dounant à n’aquèu lu pagant lou mai e en doun la fourtuna li menava ? Seguramen pas lou cap d’una vera troupa de sourdà en campagna, vist que lou duca de Gascougna noun èra en guerra mé la Prouvença. Aloura cen qu’èra au just aquel ome que l’Istoria nen presenta couma estent un gentilome mà lou tratant tamben d’aventurié bambouchaire e riboutaire, per n’en ren dire d’autre ? Lou siéu noum nen douna gaire de mai d’infourmacioun. Serìa lou « mauleoun » per « marrit lioun » o « fougous lioun » ? O aloura, serìa en referença en quant au luèc en doun èra naissut ? Li a quatre Mauleoun en França. Lou mai gran d’en toui s’atrova estre en li Doui Sevra en lou Poitou, dounca ben luen dei pais oucitan. Mauleoun-Licharre o encà Mauleoun-Soule es èu en lou Pais Basc e en ren en la Gascougna. Reston Mauleoun-Barousse en li Auti Pirenèa e Mauleoun d’Armagnac ou lou Gers, doui vilage elu gascoun e en doun Alegret a pouscut naisse, mà cen que n’es en ren una certituda. Lou mistèri sussite. Embé tout cen que saben, es à dire pas gran cauva, una poussibla respouòsta nen ven en testa : embessai ben un ome de souta-man faguent la siéu propra guerra. Sigue que sigue, s’empatrounisse de Gatièra e dóu siéu castèu, cen qu’en li coustuma d’aquelu temp e segoun lou drech de counquista vòu dire qu’en es lou mestre en plen, en un mot : lou prouprietari.

 

Gatièra savouiarda

 

Gaire de temp pu tardi, lou 25 d’outoubre dóu 1388, embé lou siéu « fraire de guerra » Vito de Blois, va vendre Gatièra e tout cen que li va ensen au comte de Savòia, Amedèu VII dich lou Comte Rouge, acò au pres de 2000 flourin. Gatièra deven terra de Savoia. Un bel afaire per Amedèu VII, èu qu’en gaire de temp e après s’estre rendut mestre de Barcilouneta ven de s’empatrounì de Nissa sensa minga dificultà, acò segoun l’at de dedicioun firmat lou 28 de setembre dóu 1388. Après s’estre « pagat » Gatièra, en lou ver dóu mot, vint-a-set jou basta après que Nissa venguèsse Savouiarda souta lou noum de Terra novi de Prouvença, ten ahura una soulida testa de pouònt de l’autre coustà dóu Var en li terra prouvençali, acò valent à dire una basa de partensa per de counquista à venì.

 

 Aloura, aquel « urous » aquist, n’es qu’una simpla oupourtunità venent drech de l’asart o tamben la resulta d’une manòbra de fina poulìtica ? En sabent que Jan Grimaldi, baroun de Buèi, Senechau de Prouvença enfeudat ai Duras, gouvernatour de Nissa e negouciatour de la dedicioun dapé d’Amedèu VII de Savòia, si sentìa suficientemen poutent per anà fin à li proumetre touta la Prouvença, cen que noun a pouscut faire, si pòu pensà qu’avìa proun de counouissença per menà à ben una tala ouperacioun de man-mesa sus d’un fèudou vesin. Dounca, si pòu finda pensà que l’assaut d’Alegret de Mauleoun sus Gatièra, la siéu aproupriacioun pi la siéu venta gaire de jou pu tardi, soun embessai e en realità lou resultat d’una manobra de souta man, que lou furbou Amedèu VII n’en serìa pas à l’escart.

 

De tout caire, lu Gateirenc soun ahura soujet tant de Savòia que de Nissa, cen que seran fin en lou 1760. Aquel an d’aquì, lou 23 de mars, lou Tratat de Turin passat tra la França e lou Pimount-Sardegna va pourtà revista dei counfin. Après 372 an d’apartenença à la Countèa de Nissa, Gatièra retrova lou siéu statut de vilage prouvençau.

 

Pertant, li a toujou à Gatièra quaucaren per nen denembrà aquel episòdi. Es loui siéu blasoun, que presenta un lioun coulou de l’or sus d’un fount rouge, drissat e tenent en la siéu pata de davant drecha una tourre caparada d’una crous rougia. Es simplamen la simbòlica d’Alegret de Mauleoun pourgent fieramen lou castèu que ven de n’en faire la counquista. En quant à la crous rougia, ela fa referença au Comte Rouge, Amedèu VII de Savòia.

 

Sourça :

 

Histoire de Vence et du Pays vençois.   Georges Castellan.

La Dédition de Nice à la Savoie. Colloque international de Nice 1988.   Rosine Cleyet-Michaud.

L’Evolution de la frontière entre la Provence et le Comté de Nice.   D. Andréis.

Histoire et chronique de Provence.   Caesar de Nostradamus.

La sécession niçoise de 1388 - Provence Historique.   André Compan.

Armac Nissart 1929.

Documents de la Bibliothèque Victor de Cessole. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PROCH  DEI  FOURCA  DE  GRASSI  E  TOURRIN

 

Etre gouverné […] C'est, sous prétexte d'utilité publique, et au nom de l'intérêt général, être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié, volé…

Pierre-Joseph Proudhon ; « Idée générale de la Révolution au XIXème siècle », 1851

 

Es lou jour de la Sant Valentin, cali l’Avenguda à bicicleta, pedali mouligas, couma de coustuma. En vila, pilhi sempre la bicicleta. La veitura es basta per m’escapà de Babilònia e m’en puhà à Ribassiera. Cali l’Avenguda dounca, e pensi à l’apountamen carriera dei Vòuta ; un bàudou descounouissut que mi vòu parlà d’arquitetura militarò-rurala medievala… mounge-sourdat, ordre religious e militari ; Templié, Ouspitalié ? fantasma à breti d’or, de tresor, de poutença, de castità, de carità, de pauretà… M’a parlat d’un oustalas arouinat, soulet en una baissa, sus lou camin vièlh que, d’un temp, menava de Var à Valèia[1], de Countéa à França. En tant, acò mi devaguerà dei courregida que s’amoulounon sus dóu miéu burèu. Veirai ben se m’ispira quaucaren – en tant que « especialista » d’arquitetura rurala ! – aquela rouina perduda e abasacada.

Siéu sus la vìa dóu trambalan, couma toui lu doui roda – quoura soun pas sus dei marcha-pen – estent qu’à Nissa, de vìa ciclabli n’i a ren, o tant pauc ; o aloura un pountejat descourdurat de tros de quauqu decametre, embarrassat de veitura parcadi, de fourgoun e de camioun de liéurasoun, de pedoun entartugat, de rabugagne de matalas, de moble e d’electrò-mainagié, d’aise de chantié, de materiau d’evenimenciau e de publicità… Quoura mi remembri couma si passa à Amsterdam, per li bicicleta, mi plouri !

Passi davant dei lausa de màrmou que remembron l’empicamen de Grassi e Tourrin. Li mandi sempre un’ulhada. Lu pòrtegue dei Galerìa e lu quei dóu trambalan soun cargat d’una foga afachendada que ronca coum’un brusc. Vau per escoumpassà lou pichin puaioun e m’avarà sus la gran Plaça, quoura una frema bouta davant de iéu couma un espousc e mi barra lou camin. Aquela noun mi souguigna… Meti lou pen en terra – que tant vau plan – e capissi sus lou còu qu’es dei vola, la frema. Lu autre soun sus lou quei. Noun, de fach soun ren lu chapa-chouc de la Repùblica o de la Municipala, es la milìcia dóu trambalan : suc pelat, mentoun mussoulinian o barba de proufeta, en tant, moure brut de manigòrdou recounvertit en la segurtà, d’andana de « Monsieur Propre » caga-dur, bourfigat en li sala d’esport ; tout’aquela genòia viestida d’uniforme negre, s’acapisse. Es una moda qu’es tournada, l’uniforme negre. Lu clona soun dapertout, teatre, musèu, mazaguin, per « rassegurà » la poupulacioun ; couma dau temp dei toutalitarisme que, finda èlu, semblerìon de voulé tournà.

Ma estraparli e m’esvarìi. Dounca, la miliciana que noun souguigna mi fa passà sus lou marcha-pen, que li soun una bouòna quadreta à m’asperà – e, es ren per li bocha. Aquì, un d’aquelu aimable agent de vigilença e de countrole dóu bouòn poble mi saluda, e mi demanda una peça d’identità. Trantalhi un moumentoun. Ma qu es aquel esbìrou per mi demandà una peça d’identità ? – « Groupe Sécurité Contrôle Transport », que mi respouònde. Lu autre si soun avesinat, m’envirounon. An chapat un gros dangié per la segurtà pùblica, un dìndou da plumà, lou vouòlon pas laissà escapà.

E lou medievista dau Val d’Entraune que mi dèu asperà, ja que siéu pas en avança… Viliacarìa mascarada de civisme ? Per n’en finì, douni la miéu carta. Adiéu baraca ! sus lou còu mi penti, à mi tirà de simec. Ahura mi ten, l’autre capoun. E mi debana la siéu bavàia :

– Vous rouliez sur la voie du tramway, l’amende est de cent euros si vous payez tout de suite, cent-quarante si vous différez le paiement. C’est votre droit.

Ve qu’ahura mi ven parlà de drech. E qu lou li a vendut lou drech de mi pilhà la peça d’identità ? En tant ai lou « drech » de pagà, que mi di. Sempre de mai. Ai finda lou drech de pas avé cent escut en boursa, e mi ven dire, sensa rire, qu’es un drech que mi cousta quaranta escut de mai. Estau nec. Li demandi se tout acò es una menchounada. Mi respouònde de noun. Senti que lu sanc coumençon de mi bulhì.

Ben segur que roulavi sus la vìa dau trambalan. E doun vouòs que vagui roulà ? (palhàssou ! que jounti entra iéu) : Escasi doui kiloumetre de balouar, tirat à la fila, de Massena (aquì un eròe) fin à la Liberacioun, trenta metre de larc sus l’aisse maje Nort – Sud dóu centre ciéutà. Pas un centimetre de vìa ciclabla ! A l’arrest proch dóu miéu, Gare Thiers (aquì mai un eròe), t’an ficat una rastelada de Velò Blu. Pura, vai ti cercà li vìa ciclabli !

Ma, bicicleta e vìa ciclabla an ren da vèire l’una mé l’autra, veguen ! Es ver qu’en França, n’an esplegat que lou tren e lu ralh van pas ensen. Acò es couma lou lume e lu fiéu, soun doui cauva da pas mesclà. Lu vièlh lou dihìon ja : « Qu cuènta sensa l’oste paga doui còu »… E qu pedala sensa vìa ciclabla ?

Aloura, si caurìa anà fa pistà en li pichini carriera, eslaloumà tra li veitura, si cucà d’itinerari estrambalat segoun li ravarìa dei sens ùnicou, si pilhà d’escoumbulh a cada crousamen, l’escapoulà dei pourtiera que si duèrbon a l’esprouvista, si tenì da ment lu pedoun que souòrton de minga luèc, lou nas pegat à l’aifone, si parà dei gros escouter que degouòlon couma lu cavalié de l’apoucalissi, sensa parlà dei pichin que fan lu pàntou sus la roda de darrié au mitan dóu champoustre general !

Dounca, lou countribuable paga li estacioun de Velò Blu, lu Velò Blu (gros souchès internaciounal, n’i a ja fin en Barbarìa), o aloura si croumpa una bicicleta, perqué n’a una foura de si fa « esquissà couma li amplouha » en lou trambalan, de si fa cascaià couma una salada en lou bus, perqué noun sudura pus de gastà la siéu vida en lu tap e la ravarìa de la circulacioun automoubila. Ma, fin finala e per ben dire, lou bouòn countribuable embé la siéu bicicleta noun trovon de vìa dedicada per trafegà en vila… Acò si qu’es una poulitica de la moubilità urbana !

Darrié pounch de l’estrategìa, quoura la frucha es madura, li es pus que de la culhì : apoustà lu tira boursa en embouscada e laissà que lou gibié arribe au pas, da se. La cassa ai bicicleta es duberta, grossa coucagna : cent escut la bota, cent-quarant se lou dìndou a ren de sòu en boursa ! Quant n’an arrestat aquì, proch dei fourca, lou jour de la Sant Valentin, de ciclista e d’aquelu à troutineta – ahì, dau bouòn ! – d’aquelu marrit ciéutadin sensa respet de la lei e de l’ordre, que soun un dangié per la couletività ? Carculas un pauc ; quauqui chourma despartidi sus lou ret, acò vous fa una miejournada à cinquanta o cent mile escut !

O couma redure la gouvernança e lou pensié poulitic à la rapinarìa dóu bouòn poble…

Ma estraparli e m’esvarìi, mai. Èstou còu dounca, la lebre siéu iéu, e ai finit de courre. L’ira m’estegne, senti lou miéu couòr que ven batre en li vena dòu couòl. N’ia un, en civil, que s’avesina, enrevira la situacioun. Passa d’un groupa à l’autre, d’un dìndou à l’autre, verifica que si fague ben plumà, sensa tròu d’esclissi. Ten la foga à distança : pas de proutesta, pas de mouvimen de soulidarità. E de fach aquì li sian mai d’un, pilhat en la rafla, coumença a faire un’acampada.

– Je  vous comprends, mais c’est le règlement, c’est le même pour tous, que mi respouònde lou miéu esbìrou. Capissuègna e rigour, li doui poussa de la repressioun demoucratica.

Lou reglamen es lou parrié per toui ?... Lou reglamen es lou parrié per aquelu qu’an pas lu mejan de si pagà de chourma d’avoucat, de gabinet d’espertisa, de sedi de soucietà de cartapista en lu paraìs fiscal, de conte bancari ai ìsoula Viergi, epc[2]. Lou li diéu pas tout acò. Li diéu màncou que siéu ren aciounari d’una multinaciounala nort-americana que si trufa, au regart dóu mounde univers, dei lei, dei reglamen, dei poble e dei Estat – Estat qu’es aquì censat lu representà, lou miéu cerbèrou.

Per iéu lou reglamen es, article 1 : « Paure crida, paure paga » ; article 2 : « Paure nautre, couma tant d’autre ».

M’acò, mi presenta la tastiera dóu terminal de pagamen en rega, sensa fiéu. Lou prougrés moudern : dapertout doun siès, gauch à la tela, pouòs pagà. Mi cau sourtì la carta blu se vouòli recampà la carta d’identità. Mi sembla que lu miéu uès s’enfoungon en li ourbita, la vista si trebouòla, la man mi tremouòla, dèvi recoumençà doui còu à empicà lou codi.

E mi fan petà lou gagne d’una journada de trampin. Un autre bàudou que venon de lou chapà, siéu segur que per èu soun doui journada… Ma, « Tout es relatiéu ! », couma dihìa Bèrtou lou matemàticou. Es couma per lou còu dóu reglamen. E pura, siéu pas ben segur que lou coust de la multa sigue relatiéu au grèu dóu trèboulou à l’ordre pùblicou… Recampi la carta d’identità. 

Lou moure de tola de negre viestit prova de mi tirà una làgrima sus lou souòrt dei paure menaire de trambalan que cascon en la depressioun. Li pourrìi rebecà sus la depressioun dei ensegnaire, e remembrà la memòria de la miéu coulega que s’es tuada l’autr’an, e finda aquela de toui aquelu que si soun fach sautà la bouòissoula sus lu luèc de travalh, despì que triounfla lou liberalisme ecounoumic descadenat… De que jouverìa ? Respouòndi màncou, que tant la ràbia m’estegne e que siéu pus bouòn qu’à baubà.

Un autre chapa-can es aquì à m’escribachà un papeiroun. Es lùhou couma un tarpoun, lou nas li toca escasi lou libret. Es pas countent lou bàudou, bourbouta quaucaren au siéu cap, aquèu qu’es en civil, e que lou ven petouirà. Pòu pus segre lou rìtmou, talamen n’a da faire de reçut. Demandi doun van toui aquelu sòu. « C’est pour votre Maire » que mi respouònde ! Ma li ven fin ai cervela qu’a dich una coufa, bletounéa, si repilha : « C’est pour la Mairie ». Es ja un pauc mai counvenient. Terça tapa : « C’est pour la régie », que mi di, e mi pouòrge lou papeiroun.

Es sempre bouòn de si fa plesì, si ressente. « Mi desfogui, mi raganti », couma dihìa Jouan Babilha lou santoun. Serìa pura pecat e injustìcia de m’acanì sus de quauqu cerbèrou un pauc tardoc, quoura soun basta l’istrumen de l’incurìa d’una gouvernança. Lu mèdia nen baton la criada embé lou rescaufamen climatic, lu embarras e l’engourgamen dei ciéutà, lu traspouòrt propre, la poulucioun de l’ària, lu dangié de la sedentarità, la necessità de si boulegà. La Facultà, lou Gouvern, lou pensié douminent, touti li proupaganda e finda lu proujet urban lu mai tardoc tendon à nen fa laissà la veitura au parc…

Pilhas una bicicleta à Nissa e sias « en segurtà » (paraula màgica de la soucietà countempourana) en minga luèc. Sìa qu’ariscas de vous fa revessà, sìa qu’ariscas d’estre rapinat. Pilhas la veitura per vous levà d’en vila, que radar e càmera manqueran pas – lèu o tardi – de vous rapinà parrié. L’avejaire ouptimista serìa de pensà que fès front au vuèi dóu pensié de la nouòstra gouvernança. Ma, à fouòrça de tirà sus lou blest, vous ven en ment que la rapinarìa es venguda un mejan de gouvern. Lu « ric » si soun destrigat per l’escapoulà ai siéu dever civic ; d’ahura en avant, per fa de pié, cau estrapassà la pauruègna. Redistribuì li riquessa a laissat plaça à : councentrà li riquessa, laissà crèisse l’inegalità, abandounà la gusàlha esprouvista e acaurà li classa mejani pilhadi en la nassa.

Mi pensavi – credencious – de n’avé proun dich, e pura… Au moment de metre lou pounch en aquèu bilhet d’imour, quauqu jour passada la fachenda dounca, souòrti tourna lou papeiroun que m’a pourjut l’autre chapa-can. Ahura lou pouòdi tourna vèire sensa tremoulà de la ràbia. Lou regarji e, per lou proumié còu, lou reviri. Liegi lou pichin maloun que li es estampat au versò e mi ven couma l’afre :

 « Paiement complet : […] en application des articles 529-3 à 529-5 du Code de Procédure pénale et du décret du 22 mars 1942 portant règlement d’administration publique sur la police, la sûreté et l’exploitation des voies ferrées d’intérêt général et services assimilés. »

Valent à dire que la Batalha dóu ralh serìa pas acabada ? Setanta-quatre an après que lu Prussian an empicat Grassi e Tourrin ai caire de l’Avenguda, es sempre una lei petenista que douna permés en una milìcia d’arrestà lu ciclista sus li vìa dóu trambalan, au pen dei fourca d’Ange e Serafin... E voulès pas qu’acò li digui rapinarìa ?

 

« Ounta e vergougna ! », couma dihìa Bèrtou lou camàlou, dau temp que trampinavi en lou sant-miquèu.

 

Miquel de Carabatta

Nissa, quauqu jour passada la Sant Valentin dóu 2018

 

 

 

[1] Valèia es lou noum dounat à doui paìs de Prouvença : Val d’Ubalha e Paìs d’Aigas. (Diccionari provençau – francés ; IEO CREO Provença, p. 156).

[2] Epc : e patin coufin

 

PRES  DU  GIBET  DE  GRASSI  ET  TORRIN

 

Etre gouverné […] C'est, sous prétexte d'utilité publique, et au nom de l'intérêt général, être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié, volé…

Pierre-Joseph Proudhon ; « Idée générale de la Révolution au XIXème siècle », 1851

 

C’est le jour de la Saint Valentin, je descends l’Avenue à bicyclette et pédale relax, comme d’habitude. En ville, je prends toujours la bicyclette. La voiture, c’est juste pour m’échapper de Babylone et monter à Ribassiera. Je descends donc l’Avenue en pensant à mon rendez-vous, rue des Voûtes ; un type que je ne connais pas et qui veut me parler d’architecture militaro-rurale médiévale… Moines-soldats, ordres religieux et militaires ; Templiers ? Hospitaliers ? fantasmes à la pelle d’or, de trésor, de puissance, de chasteté, de charité, de pauvreté… Il m’a parlé d’une grande bâtisse en ruines, seule au milieu d’un col, sur l’ancien chemin qui, à l’époque, menait de la vallée du Var à celles de l’Ubaye et du Pays d’Aigues ; du Comté à la France. En tout cas, ça me distraira des corrections qui s’entassent sur mon bureau. Je verrai bien si elle m’inspire quelque chose – en tant que « spécialiste » de l’architecture rurale ! – cette ruine perdue et toute écroulée.

Je suis sur la voie du tramway, comme tous les deux roues – quand ils ne sont pas sur les trottoirs – étant donné qu’à Nissa, des pistes cyclables il n’y en a pas, ou si peu ; ou alors un pointillé incohérent de bouts de quelques décamètres, encombrés de voitures garées, de fourgons et de camions de livraison, de piétons ensuqués, de rebuts de matelas, de meubles et d’électroménager, d’outils de chantiers, de matériel d’événementiel et de publicité… Lorsque je me rappelle comment ça se passe à Amsterdam, pour les bicyclettes, je pleure !

Je passe devant les plaques de marbre qui commémorent la pendaison de Grassi et Torrin. J’y donne toujours un coup d’œil. Les portiques des Galeries et les quais du tramway sont chargés d’une foule grouillante qui ronfle comme une ruche. Alors que je vais passer la petite côte et me lancer sur la gran-place, une femme surgit devant moi comme un diable et me barre la route. Celle-là ne me sourit pas… je mets le pied à terre – puisque je roule lentement – et comprends vite qu’elle est de la maison poulaga, la femme. Les autres sont sur le quai. Non, en fait ce ne sont pas les pandores de la République ou de la Municipale, c’est la milice du tramway : crânes rasés, mentons mussoliniens ou barbes de prophètes, en tout cas, gueules de canailles reconverties dans la sécurité, des allures de « Monsieur Propre » constipés, boursouflés dans les salles de sport ; tout ce beau monde vêtu de noir, bien entendu. C’est une mode qui est de retour, l’uniforme noir. Les clones sont partout, théâtres, musées, magasins, pour « rassurer » la population ; comme au temps des totalitarismes qui, eux aussi semblent vouloir revenir.

Mais je déparle et je dévie. Donc, la milicienne qui ne sourit pas me fait passer sur le trottoir, où ils sont une bonne quadrette à m’attendre – et ce n’est pas pour jouer aux boules. Là, un de ces aimables agents de la surveillance et du contrôle du bon peuple me salue et me demande une pièce d’identité. J’hésite un instant. Mais qui est-il ce sbire pour me demander une pièce d’identité ? – « Groupe Sécurité Contrôle Transport », qu’il me répond. Les autres se sont rapprochés, ils m’entourent. Ils ont attrapé un gros danger pour la sécurité publique, un pigeon à plumer, ils ne veulent pas le laisser s’échapper. 

Et le médiéviste du Val d’Entraune qui doit m’attendre, je ne suis déjà pas en avance… Lâcheté mâtinée de civisme ? Pour en finir je donne ma carte. C’est foutu ! je regrette de suite, à me tirer des baffes. Maintenant il me tient ce coquin. Et il me déroule son baratin :

– Vous rouliez sur la voie du tramway, l’amende est de cent euros si vous payez tout de suite, cent-quarante si vous différez le paiement. C’est votre droit.

Voilà que maintenant il me parle de droit. Mais qui lui a vendu le droit de me prendre ma pièce d’identité ? En attendant, j’ai le « droit » de payer, qu’il me dit. Toujours plus. J’ai même le droit de ne pas avoir cent euros en poche, et il vient me dire, sans rire, que c’est un droit qui me coûte quarante euros de plus. J’en reste pantois. Je lui demande si tout ça est une plaisanterie. Il me répond que non. Mon sang commence à bouillir.

Evidemment que je roulais sur les voies du tramway. Et où tu veux que j’aille rouler ? (connard ! je rajoute pour moi-même) : Presque deux kilomètres de boulevard, tiré au cordeau, depuis Masséna (ça c’est un héros) jusqu’à la Libération, trente mètres de large sur l’axe principal Nord-Sud du centre ville. Pas un centimètre de piste cyclable ! A la station à côté de chez moi, Gare Thiers, (tiens, encore un héros), ils t’ont fichu une rangée de Vélos Bleus. Mais les pistes cyclables, tu peux toujours courir !

Mais voyons, bicyclette et piste cyclable n’ont rien à voir l’une avec l’autre ! Il est vrai qu’en France on nous a expliqué que le train et les rails ne vont pas ensemble. C’est comme l’électricité et les fils, ce sont deux choses à ne pas confondre. Les anciens le disaient déjà, « Qui compte sans l’auberge paye deux fois »… Et qui compte sans piste cyclable ?

Il faudrait donc aller se faire écraser dans les petites rues, slalomer entre les voitures, se taper des itinéraires invraisemblables en fonction des délires des sens uniques, se prendre des peurs à chaque croisement, échapper aux portières qui s’ouvrent à l’improviste, surveiller les piétons qui sortent de nulle part, le nez collé à l’ailphone, se garder des gros scouters qui déboulent comme les cavaliers de l’apocalypse, sans parler des petits qui font les imbéciles sur la roue arrière au milieu du bordel général !

Donc, le contribuable paye les stations de Vélos Bleus, les Vélos Bleus (gros succès international, il y en a jusqu’en Afrique du Nord), ou alors il s’achète une bicyclette, parce qu’il en a marre de se faire « serrer comme les anchois » dans le tram, de se faire secouer comme une salade dans le bus, parce qu’il ne supporte plus de perdre sa vie dans les bouchons et la folie de la circulation automobile. Mais, au bout du compte, le brave contribuable et sa bicyclette ne trouvent pas de voie dédiée pour circuler en ville… Ça, c’est une politique de la mobilité urbaine !

Dernier point de la stratégie, quand le fruit est mûr, il n’est plus que de le cueillir : Poster les coupeurs de bourses en embuscade et laisser venir le gibier au pas, de lui-même. La chasse à la bicyclette est ouverte, c’est la fête, cent euros le coup, cent-quarante si le pigeon n’a pas le sou en poche ! Combien en ont-ils arrêté là, près du gibet, le jour de la Saint Valentin, des cyclistes et d’autres à trottinette – oui, c’est vrai ! – de ces mauvais citoyens sans respect de la loi et de l’ordre et qui sont un danger pour la collectivité ? Calculez un peu ; quelques équipes dispatchées[1] sur le réseau, ça vous fait la demi-journée à cinquante ou cent mille euros !

Ou comment réduire la gouvernance et la pensée politique au rançonnage du bon peuple…

Mais je déparle et je dévie de nouveau. Cette fois-ci donc, le lièvre, c’est moi et j’ai fini de courir. La colère m’étrangle, je sens mon cœur qui vient battre dans les veines de mon cou. Il y a un type en civil qui s’approche, il supervise la situation. Il passe d’un groupe à l’autre, d’un pigeon à l’autre, vérifie qu’il se fasse bien plumer, sans trop d’esclandre. Il tient la foule à distance : pas de protestation, pas de mouvement de solidarité. De fait, nous sommes plusieurs pris dans la rafle, ça commence à faire un attroupement. 

– Je  vous comprends, mais c’est le règlement, c’est le même pour tous, me répond mon sbire. Compréhension et rigueur, les deux mamelles de la répression démocratique.

Le règlement est le même pour tous ?... Le règlement est le même pour ceux qui n’ont pas les moyens de se payer des bataillons d’avocats, des cabinets d’expertise, des sièges de sociétés bidons dans les paradis fiscaux, des comptes bancaires aux îles Vierges, etc. Je ne lui dis pas tout ça. Je ne lui dis pas non plus que je ne suis pas actionnaire d’une multinationale nord-américaine qui se fout à la vue et au su du monde entier, des lois, des règlements, des peuples et des Etats – Etats qu’il est ici censé représenter, mon cerbère.

Pour moi le règlement c’est, article 1 : « Pauvre crie, pauvre paie » ; article 2 : « Pauvres de nous, comme les autres »

Et donc, il me présente le clavier du terminal de paiement en ligne, sans fil. Le progrès moderne : où que tu sois, grâce à la toile, tu peux payer. Je dois sortir la carte bleue si je veux récupérer la carte d’identité. Il me semble que mes yeux s’enfoncent dans les orbites, ma vue se trouble, ma main tremble, je dois recommencer deux fois pour taper mon code.

Et on me fait sauter le gain d’une journée de boulot. Pour un autre type qu’ils viennent d’attraper, je suis sûr que c’est deux journées… Mais, « Tout est relatif ! », comme disait Bébert le mathématicien. C’est comme pour le coup du règlement. Pourtant, je ne suis pas bien sûr que le coût de l’amende soit relatif à la gravité du trouble à l’ordre public… Je récupère la carte d’identité.

La gueule d’empeigne de noir vêtue essaie de me tirer une larme sur le sort des pauvres chauffeurs de tram qui tombent en dépression. Je pourrais rétorquer sur la dépression des enseignants, et rappeler la mémoire de ma collègue qui s’est tuée l’autre année, et aussi celle de tous ceux qui se sont fait sauter le caisson sur leurs lieux de travail depuis que triomphe le libéralisme déchaîné… Ça servirait à quoi ? Je ne réponds même pas, de toute façon la rage m’étrangle et je ne saurais qu’aboyer.

Un autre larron est là qui me gribouille un papelard. Il est myope comme une taupe, son nez touche presque le carnet. Il est pas content le type, il bougonne quelque chose à son chef, le type en civil, qui vient le houspiller. Il ne peut plus suivre le rythme tant il a de reçus à faire. Je demande où va tout cet argent. « C’est pour votre Maire » qu’il me répond ! Mais, parvient jusqu’à sa cervelle le fait qu’il vient de dire une connerie, il bégaie, se reprend : « C’est pour la Mairie ». C’est déjà un peu plus convenable. Troisième étape : « C’est pour la régie », qu’il me dit, et il me tend le papier.

C’est toujours bon de se faire plaisir, ça fait du bien. « Je me défoule, je me rattrape » comme disait Jouan Babilha le santon. Ce serait pourtant dommage et injuste de m’acharner sur quelques cerbères un peu idiots, alors qu’ils ne sont que les instruments de l’incurie d’une gouvernance. Les médias nous rebattent les oreilles avec le réchauffement climatique, les embarras et l’engorgement des villes, les transports propres, la pollution de l’air, les dangers de la sédentarité, la nécessité d’être actif. La Faculté, le Gouvernement, la pensée dominante, toutes les propagandes et même les projets urbains les plus dingues tendent à nous faire laisser la voiture au parc…

Prenez une bicyclette à Nissa et vous n’êtes « en sécurité » (mot magique de la société contemporaine) nulle part. Vous risquez, soit de vous faire renverser, soit de vous faire racketter. Prenez la voiture pour déguerpir de la ville, radars et caméras ne manqueront pas – tôt ou tard – de vous racketter de même. Le point de vue optimiste serait de penser que vous êtes face au vide de la pensée de notre gouvernance. Mais à force de tirer sur la ficelle, il vous vient à l’idée que le rançonnage est devenu un mode de gouvernement. Les « riches » se sont débrouillés pour échapper à leurs devoirs civiques ; désormais, pour faire du pognon il faut matraquer le pauvre monde. Redistribuer les richesses a laissé place à : concentrer les richesses, laisser croître les inégalités, abandonner la gueusaille paupérisée et pressurer les classe moyennes prises au piège.

Je croyais naïvement en avoir assez dit, et pourtant… Au moment de mettre le point final à ce billet d’humeur, quelques jours donc après l’aventure, je ressorts le papier que m’a tendu le tire-laine. Maintenant je peux le revoir sans trembler de rage. Je le regarde et, pour la première fois, le retourne. Je lis le petit pavé qui est imprimé au verso et suis pris comme d’un vertige :

  « Paiement complet : […] en application des articles 529-3 à 529-5 du Code de Procédure pénale et du décret du 22 mars 1942 portant règlement d’administration publique sur la police, la sûreté et l’exploitation des voies ferrées d’intérêt général et services assimilés. »

Est-ce à dire que la Bataille du rail n’est pas terminée ? Soixante-quatorze ans après que les Prussiens ont pendu Grassi et Torrin aux coins de l’Avenue, c’est toujours une loi pétainiste qui autorise une milice à arrêter les cyclistes sur les voies du tramway, au pied du gibet d’Ange et Séraphin… Et on ne voudrait pas que j’appelle ça du rançonnage ?

 

« Honte et vergogne ! », comme disait Bébert le porte-faix, du temps où je bossais dans le déménagement.

 

Miquel de Carabatta

Nissa, quelques jours après la Saint Valentin 2018

 

 

 

 

[1] Ce mot hideux a remplacé dans la langue française – la plus belle, celle que le monde entier nous envie – les verbes « répartir, distribuer »…

La letra dau Sourgentin N° 52, juillet 2017

 

Le N° 227

« marchés et productions locales »

est sorti et en cours de distribution

Courez chez votre marchand de journaux (pour ceux qui ne seraient pas abonnés)

 

Au sommaire, entre autres :

Découvrez le dossier du mois et les délices des marchés de l’été : l’agriculture niçoise, l’histoire des marchés, la « grève des légumes », la cité de laBuffa, mais également les bars du marché ou madama pipi, etc. !

Et aussi la partie magazine et les rubriques habituelles : la belle Otéro à Nice, le campanile de la tour Saint-François, la mastegada du mois, ou encore une caminada à Valberg.... et bien d’autres articles sur le pays niçois.

 

Et pour perfectionner votre niçois, l’Edito de Jacques Dalmasso :

Lou mercat

Se à Nissa couma da pertout li es un luèc sinònimou de counvivalità es ben lou mercat.

Lou mercat, lou centre de touti li cieutà en doun tout lou mounde si rescontra e en doun la coumunità si fa, embé d’escambi  d’idèa e de tout cen que douna la couesioun de tout groupe uman e en doun si courtiva lou ver viéure ensen, noun pas aquèu coumandat mà aquèu ben de mai fouòrt venent d’una manièra d’estre. Es aquì que lu jouve rajougnon lu vièi, que lou ric cousteja lou paure. Es au mercat que li gent s’atrovon, pràtiga e coumerçant, citadin e paisan, e en doun touti aqueli gent charon ensen. Pounch de passage oubligiat, es tamben au mercat tra un banc de toumati e un autre de poun que lu nouòstre candidat consou venon, lou moumen vourgut, à l’escontre dei eletour. Lou mercat, luèc de venta e de crompa dau segur, mà tamben per toui, luèc de tournès de paraula. Un teatre, un ver teatre, mà aquèu metent en scèna la vida.

Aloura, minga esitacioun : pilhas lou vouòstre cavagnòu que li anan.

 

Le marché

Si à Nice comme partout ailleurs il y a bien un lieu synonyme de convivialité, c’est bien le marché.

Le marché : le centre de toute cité où tout le monde se rencontre et où la communauté se fait, avec des échanges d’idées et tout ce qui fait la cohésion de tout groupe humain et où se cultive le vrai vivre ensemble, non pas celui édicté mais celui bien plus fort venant d’une façon de vivre. C’est ici où les jeunes rejoignent les vieux, où le riche côtoie le pauvre. C’est au marché que les gens se retrouvent, clients et marchands, citadins et paysans, et où tous parlent ensemble. Point de passage obligé, c’est aussi au marché entre un étal de tomates et un autre de pommes que nos candidats édiles viennent, le moment voulu, à la rencontre des électeurs. Le marché, point de vente et d’achat bien évidemment, mais aussi et pour tout le monde, lieu de joutes oratoires. Un théâtre, un vrai théâtre, mais celui mettant en scène la vie.

Alors, aucune hésitation : prenez votre panier, nous y allons.

 

La letra dau Sourgentin N° 51 mai 2017

 

Le N° 226

« Les Sociétés secrètes » sera présenté

Le jeudi 18 mai 2017 à 14 h30

 

Auditorium Louis Nucera

BMVR de Nice 2, Place Yves Klein Téléphone : 04 97 13 48 90

Venez nombreux soutenir votre magazine

Au programme :

  • Jean-Michel Bessi : l’actualité du Sourgentin
  • Jacques Dalmasso : Les francs maçons dans le Comté
  • Jean-Michel Bessi : sociétés secrètes du XXème siècle
  • Alex Benvenuto : Une société secrète au Lycée Masséna
  • Avec la participation exceptionnelle de Pierre-Louis Gag : Tanta Vitourina es revenguda

  Et comme le mot « Socca » fait son entrée dans le Petit Larousse le 26 mai 2017,

nous vous offrons, pour perfectionner votre niçois, un texte sur la socca (avec la recette), revirada de Jacques Dalmasso

 

Un dictionnaire pas chiche !

La nouostra soca, délice à base de farine de pois chiche, fait son entrée dans la version 2017 du Larousse. Et pas n’importe laquelle, celle du bicentenaire, qui sortira le 26 mai.

Bon, d’accord, les rougnous nous diront qu’entre également au dico le « wrap », ce sandwich estoufa cavau mis dans une galette de blé ou de maïs !

L’occasion de vous rappeler l’histoire, la légende, et la recette de la socca.

 

Comment entrer dans l’histoire par la « Porte fausse ».

        À Toulon on parle de cade, en Ligurie de farinata, en Sardaigne de fainé, en Toscane de cecina, en  Algérie de calentica ... etc

Les préparations à base de farine de pois chiche frite remontent à la plus haut antiquité dans tout le pourtour méditerranéen, et les Egyptiens la connaissent plus de 8000 ans avant JC.

Bien sûr la recette niçoise, plus fine et croustillante que sa voisine la farinata est de loin la meilleure. A noter que la cade est arrivée à Toulon sous l’Empire avec des travailleurs niçois embauchés sur les chantiers de l’arsenal de Toulon.

Raoul Nathiez en avait rappelé la légende dans une de ses pièces « Ma qu era Caterina Segurana ? » : les niçois assiégés par les Turcs de Barberousse et les français de François premier en 1543 reculent sur les remparts. Notre héroïne, la bugadièra Catherine Segurane vient à point nommé leur remonter le moral en chassant les Turcs à coup de battoir.  Après leur avoir repris un drapeau, elle a l’idée de déverser sur les attaquants de l’huile bouillante mélangée à un reste de sa soupe de pois chiche. Elle découvre ainsi incidemment la recette de la socca, laquelle est adoptée immédiatement par toute la population niçoise.»

Même le très sérieux journal « le Monde » a reproduit en son temps cette information devenue légendaire.

 

La recette de la socca

Elle n’est vraiment parfaite que sur un marché ou dans un bistrot avec des amis et un verre de vin rouge. Elle se déguste au milieu des conversations de comptoir et de ce mélange d’odeurs de feu de bois, d’épices, de boisson et de stockfish. Lancez-vous dans sa réalisation si vous possédez un four à bois, et si vous êtes en appartement et vraiment en manque du goût de la farine de pois chiche … cuisinez plutôt des panisses ... ou essayez de la cuire comme une crêpe épaisse dans une poêle bien huilée... ou achetez des Socca chips de Luc Salsedo.

 

Le marché pour 4 personnes :

Pour 2 plaques de 50 cm de diamètre :

 - 250 g de farine de pois chiches

- 50 cl d'eau

- 2 cuillères à soupe d'huile d'olive

- sel et poivre

- et beaucoup d’amour

 Préparation : 
Mettre l'eau froide dans une marmite. Mélangez  intimement  au fouet la farine de pois chiches, l'huile et une cuillère à café de sel fin. Battre jusqu'à ce que le mélange soit lisse. Passez éventuellement au chinois pour éliminer les grumeaux.
Versez 2 à 3 mm de pâte dans la tourtière de cuivre étamé légèrement huilée. La cuisson nécessite un four à bois bien chaud.
Elle se déguste bien poivrée et très chaude, avec les doigts bien sûr.

Un diciounari pas grinchou !

La nouòstra soca, un delici fach à basa de farina de cèe, fa la siéu intrada en la versioun dóu 2017 dóu Larousse. E pas aquela sigue que sigue, aquela dóu bis centenari que souorterà lou 26 de mai.

Bon, d'acordi, lu rougnous nen diran qu'intra finda en lou "dicò" lou "wrap", aquel en-cas d'escoutissoun estoufa cavau pilhat en una galeta de gran o de gran Turc !

N'es l'oucasioun de vous remembrà l'istòria, la legenda e la receta de la soca.

 

Couma faire per intrà en l'istòria da la "Pouòrta faussa".

À Touloun si trata de cade, en Liguria de farinata, en Sardegna de fainé, en Touscana de cecina, en Algerìa de calentica ...etc.

Lu alestimen fach à basa de farina de cèe fregida s'en mounton fin à la pu auta antiquità en tout lou relarc mediterranéenc e lu Egician la counouissìon jà mai de 8000 an denan J.C. Ben seguramen, la receta nissarda, mai fina e mai croucanta que la siéu vesina la farinata, es de luèn la mai bouòna. Cau pilhà nota que la cade es arribada à Touloun mé l'Empèri e embé de préfachié nissart embouchat en lu chantié de l'arsenal de Touloun.

Raoul Nathiez n'en avìa remembrat la legenda en l'una dei siéu peça : "Mà que èra Catarina Segurana ?". Lu Nissart, assedat dai Turc de Barbaroussa e dai Francès d Francès 1é en lou 1543, van en arrié sus lu barri. La nouòstra erouïna, la bugadièra Catarina Segurana, arriba à pounch per li remountà lou moural en cassant lu Turc à còu de massòla. Après que lu auguèsse pilhat un dai siéu drapèu, auguèt la bouòna idèa de vuà sus lu atacant d'òli bulhent mesclat mé cen que li soubrìa d'una soupa de cèe. Descurbèt ensinda e sensa lou voulé la receta de la soca, receta que fuguèt sus lou còu adoutada da touta la poupulacioun nissarda.

Cau dire que meme lou tant serious journal "Le Monde" repilhèt en lou siéu temp aquela infourmacioun venguda despì legendara.

 

La receta de la soca

N'es propi au soubran du siéu goust que sus d'un mercat o en un oste embé d'amic e un gòtou de vin rouge. Si mangia au mitan dei charaïssa de banc d'oste e d'aquèu mesclun fach d'oudou de fuèc de bouòsc, d'espècia, de bevanda e d'estocafic. Lanças-vous en lou siéu alestimen se avès un fourn à bouòsc e se siès en un apartamen e pròpi en mancança de goust de farina de dèe... fès pulèu de panissa... o aloura prouvas de la fà cuèire couma siguèsse un crespèu espès en una sartàia ben ougnuda d'òli. O croumpas de soca chips de Luc Salsedo

Lou mercat per 4 persouna

Per 2 placa de 50 cm de larc :

-  250 gr de farina de cèe.

-  50 cl d'aiga.

-  2 culherada à soupa d'òli.

-  sau e pebre.

Alestimen

Metre l'aiga frèia en una pignata. Mesclas ensen au fouet la farina de cèe, l'òli e una culherada à café de sau fina. Batre fin que lou mesclage sigue ben suèli.

Passas, se vi fà da besoun, au chinès per li levà lu grun.

Vuas 2 o 3 mm d'aquela pasta en la tourtièra d'aran estagnat laugieramen ougnuda d'òli. La cuècha demanda un fourn à bouòsc ben caut.

Si mangia ben pebrada e ben cauda, embé lu det, acò anant sensa dire.

 

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La letra dau Sourgentin N° 50 mai 2017

 

Le N° 226 « Les Sociétés secrètes » est sorti

Courez  chez votre marchand de journaux (pour ceux qui ne seraient pas abonnés)

Il  sera présenté le jeudi 18 mai 2017

à 14 h30 Auditorium Louis Nucera

 

  

Pour la fête des mères (et des pères)

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Au Sommaire du numéro 226 entre autres :

Les templiers en pays niçois; Pyramide et sociétés secrètes; Les francs-maçons ; Carbonarisme et Risorgimento ; Felice Orsini, carbonaro en exil ; Les compagnons  ; La Cagoule ; Joseph Darnand ; Au cœur de l’O.A.S. ; Les mafias ; Service d’action Civique (SAC) ; Une société secrète au Lycée Masséna ; Lou lanternin ; Totems et confréries; La “maison rose” à Cimiez    

Mais aussi

Tableaux de nos églises ; Carnaval 2017 ; Carnaval 1947 ; Tanta Vitourina es revenguda; Sous les jupons des Niçoises : Emilienne Dufy ; Langue niçoise : noum de batisme; Mastegada : merlussa ; lou chaudéu de Pasca ; Caminada : lou Vilars ;Astucieuse nature : le genévrier

 

 

Pour perfectionner votre niçois et en hommage à notre ami disparu Jean Damiano,

 un de ses derniers dessins illustrant un texte de Roger Rocca, directeur de la publication du Sourgentin,  paru dans Nice Matin

 

 

La « san miquéu » dei gari nissart

Lou dessegn de l’amic Damiano noun si vòu presentà una chourma de gari qu’an laissat lou batéu, que si pensavon qu’anava si proufoundà ! Ni mancou una familha escassada dau siéu pais e que vendrìa s’assoustà au nouòstre ! Aquelu gari soun de gari nissart ! De gari vengut dau pais « de dessouta », un pais que si vé esquasi jamai ! Aquelu gari avìon li siéu coustuma, lu siéu bournéu, d’aiga per si bagnà e de sabla per jugà. De còu que li a, de nuech, sourtìon per anà si cercà quaucaren à rouià. Era pas bella, la vida de gari ? E tout d’un còu, de pantaiaire dau « dessoubre » si soun mes en testa de pilhà la plaça dei gari per alesti una grana galerìa e li faire caminà un trambalan !   Quoura an coummençat lou trauc, lu moustas dei gari si soun mes à tremoulà. Pareisse que per èlu, serìa lou signau d’una mauparada !

Fa que lu gari nissart soun estat coustrech de si faire « San Miquéu » per anà cercà un autre quartié !

 

Le déménagement des rats niçois

Le dessin de l’ami Damiano ne vous présente pas une équipe de rats qui ont quitté le navire, pensant qu’il va couler ! Ni une famille chassée de son pays et qui viendrait se mettre à l’abri chez nous !

Ces rats sont des rats niçois ! Des rats venus du pays « de dessous », un pays que l’on ne voit presque jamais ! Ces rats avaient leurs habitudes, leurs conduits, de l’eau pour se baigner et du sable pour jouer. Parfois, la nuit, ils sortaient pour aller chercher quelque chose à ronger. Elle n’était pas belle, la vie de rat ?

Et soudain, des rêveurs de « dessus » se sont mis en tête de prendre la place des rats pour mettre en place un grand tunnel et y faire rouler un tramway ! Lorsqu’ils ont commencé le percement, les moustaches des rats se sont mises à trembler. Il paraît que pour eux ce serait le signe d’une catastrophe !

Ainsi, les rats niçois ont été obligés de déménager pour aller chercher un autre quartier.

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